Est-ce que votre chien vous aime ?

Votre chien ressent-il de l’amour pour vous ou bien cette impression que vous avez parfois est-elle le fruit de votre esprit qui prend ses désirs pour des réalités ? Essayons d’y voir plus clair à l’aide de quelques scientifiques et spécialistes du chien.

Qu’est-ce que l’amour ?

Si, pour vous, l’amour est un truc magique inexplicable car dû à la force spirituelle de l’âme humaine, vous avez l’impression, au mieux, que les chiens « s’attachent » aux humains et au pire, vous êtes de ceux qui disent que les chiens ne pensent qu’à manger.

Si vous admettez que l’amour est le fait d’associer un être vivant aux bonnes choses qui se produisent lorsque cet être est avec vous, vous pouvez alors intégrer le fait que l’amour est une réaction conditionnée à un renforçateur conditionné (1).

Exemple : quand vous voyez sur votre téléphone qu’une personne que vous aimez vous appelle, vous vous dépêchez de répondre. Ce numéro de téléphone qui s’affiche déclenche chez vous un certain comportement parce que vous savez de quoi c’est synonyme (en l’occurrence, sans doute de quelques instants agréables).

C’est le même principe quand un chien frétille en entendant la voiture de son humain se garer dans l’allée de la maison. Ce phénomène appelé conditionnement ne vous empêche pas de continuer de croire à des choses plus mystiques si telle est votre profonde conviction.

Comment se manifeste l’amour ?

Dans un article (2) où 5 personnes donnaient leur avis sur ce qu’est l’amour, un physicien théoricien disait qu’au sens de la biologie, l’amour est un état comme la faim ou la soif, mais en plus permanent et il rappelait que le corps humain produit plein de choses dans ce cas, notamment les phéromones, la dopamine, la norépinéphrine, la sérotonine, l’ocytocine et la vasopressine.

Tout cela, les chiens le produisent aussi. Et de la même façon que nous.

Malgré les preuves scientifiques que les chiens produisent des hormones similaires et qu’elles fonctionnent de la même façon que chez nous, les scientifiques parlent préférablementd’attachement ou de lien quand il s’agit d’animaux (3).

Et beaucoup de gens qui ne sont pas des scientifiques refusent aussi d’utiliser le mot amour pour les chiens.

Certes, si ce qui se passe au niveau endocrinien quand un chien a, par exemple, un contact visuel avec son humain (4), est extrêmement similaire à ce qui se passe chez l’humain, et que nous observons des comportements chez nos chiens qui évoquent certaines de nos émotions… ce qui se passe juste après n’est pas pareil.

Que ressentent les chiens ?

Les chiens ont plusieurs émotions proches des nôtres mais c’est intense chez eux. Vous vous absentez quelques minutes et à votre retour, certains chiens se comportent comme si vous étiez parti dix ans.

C’est parce qu’ils ne sont pas aptes à réfléchir à ce qu’ils ressentent. Ils ne peuvent pas rationaliser leurs émotions.

Et mieux vaut faire attention de ne pas projeter sur nos chiens, notre propre conscience de nos émotions (5).

Un célèbre psychologue (6) avait bien expliqué les choses en montrant que les émotions chez l’enfant se développent peu à peu jusqu’à l’âge de deux ans environ, alors que les chiens développent des émotions similaires beaucoup plus vite. Chez eux, c’est acquis à quatre ou six mois environ.

Et surtout, alors que l’enfant de deux ans va continuer de développer des émotions de plus en plus complexes, comme la fierté et la honte, chez le chien, ça s’arrête. Ainsi, le chien ressent des émotions qui sont, non pas plus simplistes ou moins importantes, mais pas traitées de la même façon que nous.

Un exemple pour illustrer la différence majeure entre votre chien et vous sur cet aspect : si votre chien pouvait répondre à un appel de votre part au téléphone, il lui serait totalement impossible de choisir sciemment de ne pas répondre parce que vous avez caressé un autre chien (ou oublié son anniversaire ou pour n’importe quelle autre raison) !

Nous sommes capables de faire la part des choses

C’est difficile de ne pas s’imaginer que nos chiens ressentent ce que nous ressentons. Cela fait même partie de nous.

D’où l’acceptation et même l’emploi du mot « amour » de plusieurs grands experts contemporains du chien. C’est notamment le cas chez des spécialistes des sciences cognitives comme A. Horowitz, et J. Bradshaw, chercheur dans le domaine des relations entre l’homme et les animaux, explique que le cerveau humain est suffisamment élaboré pour faire la part des choses (7).

Effectivement, il existe un juste milieu entre traiter son chien comme une personne consciente de ses actes et capable d’avoir des arrière-pensées, et considérer son chien comme une espèce de machine à conditionnement.

Il existe un juste milieu entre imaginer que votre chien vous obéit parce qu’il vous aime (et par extension, qu’il ne vous obéit pas parce qu’il vous en veut, qu’il complote dans votre dos…) et s’obliger à rejeter le mot « amour » de son vocabulaire parce qu’on tient à tout prix à rester lucide.

Evidemment, si vous projetez trop, si vous attribuez à votre chien trop d’aptitudes intellectuelles qu’il n’a pas, vous avez du mal à gérer ses comportements. C’est super difficile de le comprendre ; il y a des problèmes relationnels entre vous et votre animal. Vous attendez que votre chien comprenne l’incompréhensible.

Quand vous parvenez à faire la part des choses, il n’y a pas de mal à ressentir de l’amour de la part de son chien ; ça fait du bien et n’est-ce pas en partie pour ce « bien » là que la majorité des gens prennent un chien de nos jours ?

Il suffit de garder les pieds sur Terre

Il y a tant de gens qui prêtent aux chiens les pires émotions humaines. Pourquoi, quand des personnes prêtent à leurs chiens des émotions plus positives, c’est tout de suite impossible ou grotesque ? Il nous est si facile de voir le mal partout. Dès lors qu’il s’agit de voir des choses plaisantes, vous êtes catalogué. Vous êtes niais, nigaud, benêt, gnangnan.

N’est-ce pas plutôt bon signe de voir de l’amour dans certains comportements de son chien, au lieu d’y voir de la manipulation, de la jalousie, de la vengeance, de la culpabilité, de la trahison… ?

Les dizaines de millions de personnes à travers le monde qui perçoivent de l’amour dans certains comportements de leurs chiens sont-elles toutes en manque affectif, aveuglées par leurs propres émotions, dans le déni d’une certaine réalité biologique ou en manque de lucidité ?

Ou bien peut-on considérer que son chien ressent de l’amour tout en restant lucide ?

Les chiens sont doués pour être « bruts de décoffrage ». A l’inverse, nous sommes doués pour tout intellectualiser. Ils ne peuvent pas être autrement. Nous ne pouvons pas être autrement. En revanche, nous sommes aptes à faire preuve d’objectivité et à ressentir quand même certaines choses.

Alors tant que vous avez conscience que ce que votre chien ressent n’est pas accompagné de pensées rationnelles comme celles qui se forment dans votre cerveau, voyez l’amour là où il vous semble le voir. En ayant un animal aussi expressif dans sa joie d’être avec nous et aussi physiquement réceptif à nos émotions, c’est quand même dommage de s’empêcher de parler d’amour ou de trouver impossible ou grotesque l’idée d’amour de la part de son chien.

Article du site : http://ouafmag.com

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