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  • Les thérapies comportementales sensu stricto...

    Petit texte expliquant les différentes manières de faire disparaître un comportement ou au contraire de le renforcer :

    Elles ont pour but de faire apparaître ou disparaître un comportement et ce par la mise en place d’apprentissages répondant, pour la plupart, aux règles du conditionnement opérant. Les thérapies comportementales les plus fréquemment décrites dans la littérature sont celles d’extinction, de désensibilisation, d’immersion, d’habituation, de contre-conditionnement, de renforcement et de punition :

     

    - L’extinction : elle consiste à supprimer un comportement indésirable en éliminant les éléments renforçateurs (récompenses ou punitions) qui en permettaient le maintien. Après l’extinction de l’ancien comportement gênant, une nouvelle réponse comportementale apparaît. Si elle est appropriée, elle devra être renforcée pour être fixée. Les difficultés majeures de cette technique résultent en l’identification des éléments renforçateurs, aussi bien ceux provenant de l’attitude du propriétaire mais aussi ceux provenant du chien  et en la possibilité matérielle et affective pour le maître de les supprimer. 

     Par ailleurs, certains comportements gênants peuvent être auto-renforcés (c’est l’action elle-même qui est l’élément renforçateur). Enfin, il y a souvent une recrudescence du comportement indésirable en début de thérapie, ce qui peut démoraliser ou faire céder le propriétaire. Si le propriétaire cède de temps en temps pour avoir la paix, on bascule vers un apprentissage de type « renforcement intermittent » qui ancrera davantage le comportement gênant. La réussite de cette technique dépendra donc pour beaucoup des capacités du propriétaire. 

     

    - La désensibilisation : elle est basée sur le contrôle de l’exposition au stimulus aversif. Le but ici est d’obtenir la diminution des réactions à un stimulus en l’appliquant de manière répétée selon un gradient d’intensité croissante. A faible intensité, le comportement ne se déclenche pas. Les expositions sont renouvelées, l’intensité est progressivement augmentée. Il est important de placer l’animal dans un état de relaxation émotionnelle avant et après l’exposition au stimulus et de ne passer à une stimulation plus forte que lorsque le palier de stimulation précédente s’est révélé non stimulant. Le niveau émotionnel de l’animal doit toujours rester en dessous du seuil critique au-delà duquel il manifestera des symptômes de peur et perdra tout contrôle de lui-même. Ceci garantit un retour au calme émotionnel plus rapide après l’exposition au stimulus. 

     Par ailleurs, les réactions de peur doivent être ignorées par le propriétaire et non récompensées ou consolées (effet anxiogène). Petit à petit, l’animal se désensibilise et l’exposition au stimulus à intensité normale n’engendre plus la réponse gênante. Cette technique est limitée à des stimuli parfaitement contrôlables, ce qui n’est pas toujours le cas. Elle est souvent associée à la technique de contre-conditionnement car leurs effets se potentialisent et permettent d’avancer plus vite dans la thérapie. Son succès réside néanmoins dans la patience car la progression est souvent lente.

     

    - L’immersion contrôlée : elle s’appuie sur le principe que les manifestations de peur d’un sujet sont d’abord maximales lors de la présentation du stimulus aversif, puis elles diminuent jusqu’à disparaître en l’absence de danger. Il s’agit de soumettre l’animal à une situation qu’il redoute avec une intensité moyenne, et de le laisser exposé jusqu’à ce que ses craintes diminuent par elles-mêmes. Cette technique est indiquée dans les cas de phobies à stimuli multiples où la technique de désensibilisation n’est pas utilisée. Toutefois, son emploi soulève un problème d’éthique et elle ne sera pas recommandée car elle peut conduire à de véritables « attaques de panique » et à l’installation d’un état d’anxiété permanente.

     

    - L’habituation : c’est une technique d’apprentissage qui utilise les principes des techniques de désensibilisation et d’immersion. Elle vise à faire enregistrer les stimuli inconnus (donc anxiogènes pour l’animal) comme des stimuli neutres, en présentant le plus souvent possible ces stimuli sans conséquences néfastes pour le chien. Cette technique est discutable car elle peut, au contraire, sensibiliser le chien à ce nouveau stimulus et déclencher une véritable phobie. De plus, elle ne pourra être utilisée que chez le jeune chien , car elle nécessite que l’animal soit encore réactif aux apprentissages.

     

    - Le contre-conditionnement : il vise à induire un conflit de motivation afin de supprimer les réactions déclenchées par un stimulus anxiogène. Il consiste, par apprentissage, à associer au stimulus déclencheur d’une réponse anxieuse inadaptée, un nouveau comportement incompatible à cette réponse. Pour cela, l’animal est entraîné dans une activité génératrice de plaisir (le jeu le plus souvent). Lorsque l’animal est totalement absorbé par cette activité, on lui applique un stimulus sensibilisant tout en poursuivant l’activité ludique, voire en amplifiant cette dernière lors de la stimulation sensibilisante afin de détourner l’attention de l’animal. L’erreur à ne pas commettre est l’apparition trop précoce du stimulus : il faut attendre que l’animal soit pleinement engagé dans l’activité satisfaisante. Sinon, on prend le risque que le chien associe cette activité à l’arrivée du stimulus et que cette activité déclenche alors à son tour la réponse indésirable. 

     

    - Le renforcement et la punition : le renforcement a pour but d’augmenter la probabilité de réapparition d’un comportement donné, lorsque la situation à l’origine de ce comportement se représente. Il est dit « négatif » si un stimulus aversif disparaît en réponse à l’apparition du comportement souhaité. Il est dit « positif » si une chose agréable pour le chien survient en réponse à l’apparition du comportement souhaité (récompense). Le renforcement doit être immédiat au comportement souhaité pour que l’animal établisse clairement la relation entre son action et la récompense. En début d’apprentissage, le renforcement devra être permanent afin que l’animal mémorise parfaitement le comportement à adopter. Puis, pour maintenir une certaine motivation, le renforcement deviendra intermittent, etc. 

     

     A l’inverse, la punition a pour but de diminuer la probabilité de réapparition d’un comportement donné, lorsque la même situation, à l’origine de ce comportement, se représente. Elle est dite « négative » si on supprime une chose agréable. Elle est dite « positive » si le chien perçoit un stimulus désagréable en réponse à un comportement inadapté. Pour être efficace, la punition doit être réellement aversive pour l’animal et d’intensité suffisante, être simultanée au comportement à corriger pour ne pas être anxiogène et être constante (à chaque fois que le mauvais comportement apparaît). Elle ne doit pas être non plus excessive sous peine d’inhiber le processus d’apprentissage et d’induire un état d’anxiété et des réactions agressives. 

     Enfin, dans la mesure du possible, elle doit être indépendante du propriétaire (punition à distance) afin de préserver la relation homme-chien et de ne pas maintenir le mauvais comportement en absence des propriétaires. 

     

    - La disruption : il s’agit de l’interruption d’un acte indésirable en début de séquence, et la réorientation vers un acte désiré qui sera renforcé positivement.

     

    Aucune de ces méthodes est meilleure qu'une autre elle sont adaptées à des situations différentes et donc des analyses du pourquoi différentes.

     

  • Dire non à son chien, c'est possible mais pas n'importe comment

    Dire à son chien dans un mode punitif: "non méchant chien!" d'une façon menaçante, ce n'est pas de l'éducation. Lorsqu'on utilise cette punition positive (on ajoute un élément dans le but de faire diminuer un comportement), cela fonctionne sur le coup: le chien est saisi ou apeuré, il va probablement arrêter de faire ce qu'il fait. Mais il recommencera dans un bref délai car il ne sait pas quoi faire d'autre. Et cela nous mènera à augmenter la force de cette punition. On parlera plus fort, avec plus de gestes menaçants et certaines seraient même portés à intervenir physiquement. Ceci briserait la confiance que le chien a mis dans son humain. Rappelez-vous: les mains sont faites pour caresser et non frapper.


    En utilisant le "non" en punition positive, ce mot devient "pourri", brûlé, annonçant une très mauvaise conséquence. En plus, ce "non" fait en sorte que notre chien n'apprend rien quand il l'entend, sauf avoir peur de ce que son humain va faire. Cela ne lui donne aucun indice sur ce que l'humain veut qu'il fasse. Imaginez que je vous parle dans une langue étrangère, une langue que vous ne comprenez pas. Je vous fais une demande que vous ne décodez pas. Et comme vous essayez quelque chose qui n'est pas la bonne, je vous lance un "non!" menaçant. Qu'allez-vous faire au bout de quelques essais? Comme je vous punis verbalement, vous ne serez plus tenté d'essayer quoi que ce soit. Vous tomberez alors en mode impuissance acquise.

    L'impuissance acquise, signifie que vous ne voulez plus rien essayer au risque de vous faire punir positivement. Vous allez manquer d'initiative et notre relation va devenir tendue car vous saurez désormais que la possibilité d'un essai peut vous mener non seulement à l'échec, mais à quelque chose de désagréable.

    Je veux vous proposer d'utiliser le "non" d'une manière encadrante, comme un guide vers le bon choix. Je m'explique. Quand le chien ne répond pas adéquatement à une demande, dites "non" sur un ton neutre (donc, non menaçant verbalement ni accompagné d'une geste vindicatif), peut alors signifier que la réponse choisie n'est pas la bonne et qu'il fait essayer autre chose.

    Le "non" devient un marqueur de non récompense (no rewarding marker ou NRM). C'est un signal visant l'extinction du comportement (punition négative).

    Mais vous comprendrez que pour se faire, ce mot ne jamais avoir été employé auparavant de façon aversive. Car votre chien se rappellera toujours de sa signification et de ce qu'il annonce. Si vous n'avez jamais employé le "non" aversif, vous pouvez l'utiliser. Sinon, changez de mot. Vous pouvez dire "erreur", "hein hein", ou un autre mot ou un son neutre.

    Concrètement dans l'entraînement, il suffit de marquer le bon comportement (R+) avec un clicker ou un mot comme "oui" ou "yes" et de marquer le comportement non désiré par le mot "non" ou celui que vous aurez choisi (P-). Ceci donnera de l'information supplémentaire à votre chien dans la réponse qu'il pourra vous offrir. Occasionnellement, on pourra ne rien dire quand le comportement est inappropiré comme on le fait traditionnellement avec l'entraînement au clicker.

    N'oubliez pas: il faut absolument éviter d'associer le NRM à une émotion négative. Elle peut être joyeuse ou tout simplement neutre. Cela est primordial pour ne pas mettre le chien en impuissance acquise. On veut que le chien réfléchisse et choisisse un autre comportement. C'est comme dire "chaud" ou "froid" dans la recherche d'un trésor! Et il ne faudra pas utiliser le "non" seul lorsque le chien fait un comportement, sans renforcer son contraire, car ce dernier pourrait analyse le "non" comme un renforcement positif, car on lui accorde de l'attention.

    Voici deux exemples précis en entraînement (les demandes assis, couché, viens, back, tourne, salut, hop, dans le désordre) avec mon chien Panda, qui démontre l'utilisation du "non" et notez la réaction de mon chien qui cherche un nouveau comportement. Comme vous le verrez, cette technique n'est pas facile car l'humain doit rapidement choisir entre les deux mots marqueurs:

    1. Dans cette vidéo, le marqueur R+ est "yes", la récompense, un morceau de fromage. Le NRM est "non" et la punition négative est l'absence de nourriture. Veuillez noter que mon chien est légèrement motivé par la nourriture. https://www.youtube.com/watch?v=DCDGSfD7DII
    2. Dans cette vidéo, le marqueur R+ est "yes", la récompense, un lancé de balle. Le NRM est "non" et la punition négative est l'absence du lancé de balle. Mon border collie est toujours très motivé par la balle et est très rapide dans ses réponses. Le timing est toujours primordial pour bien se faire comprendre. Il est important de marquer au bon moment.... ce qui n'est pas toujours évident comme vous le verrez! https://youtu.be/AoN0wWluBs4

  • Les erreurs d'apprentissage les plus fréquentes en éducation canine

    Le chien et l’éducation du chien sont soumis aux lois de l’apprentissage. Nous pouvons nous appliquer à comprendre ces lois afin de mieux saisir ce qui nous échappe parfois quand notre chien se comporte mal et nous donner un moyen de contrôler la situation en comprenant pourquoi, alors que nous le réprimandons, il continue de mal se comporter.

    Les chiens apprennent par association et par répétition, ainsi tout comportement récompensé augmente en intensité et en fréquence, peu importe le comportement récompensé, et à l’inverse tout comportement puni diminue en intensité et en fréquence.

    Ainsi, quand vous sanctionnez votre chien, et que malgré vos réprimandes à répétition son comportement augmente, c’est qu’il est probablement, sans que vous en ayez conscience, récompensé. De toute évidence, il est inutile de continuer à le réprimander puisque cela ne sert n’a pas l’effet escompté, il vaut mieux essayer, dans un premier temps de rechercher ce qui fait augmenter son comportement, puis d’établir quel comportement pourrait se substituer à ce mauvais comportement et enfin le récompenser pour que le bon comportement souhaité augmente en intensité et en fréquence. De la même façon, lorsque vous croyez récompenser et que le comportement diminue, c’est qu’en fait le comportement est puni.

     

    Récompenser en croyant punir : Je gronde mon chien dès qu’il me saute dessus, pourtant il recommence systématiquement. Certes, vous le grondez, mais vous le touchez en même temps pour le repousser. Ce geste est interprété par votre chien comme une stimulation sociale, donc une réponse favorable qui le stimulera à vous dire bonjour de nouveau. Par votre action même vous récompensez ses sauts. Si sa motivation à vous dire bonjour est plus forte, il recommencera, avec une certaine anxiété peut-être à l’idée de vous énerver, mais stimulé par le fait que vous le touchiez.

     

    Récompenser un comportement en croyant le contrôler : Mon chien gratte à la porte pour entrer, cette action m’est insupportable car il abîme à chaque fois la porte. Pour contrôler le fait qu’il gratte et pour faire cesser son action, je le gronde et j’ouvre la porte en même temps. La porte qui s’ouvre est la réponse qu’attendait le chien en grattant. Ainsi récompensé, il recommencera même si vous l’avez grondé. 

    Une autre loi très importante nous enseigne que pour fixer un comportement dans le temps il suffit de le récompenser de façon aléatoire (1 fois sur 2, puis 1 sur 5, puis 1 sur 10, puis 1 sur 4, etc.).

     

    Apprendre à mon chien à insister : Mon chien quémande de la nourriture à table de temps en temps. Il ne le faisait pourtant pas avant, mais maintenant il en prend l’habitude. Si je l’ignore ou si je le réprimande, il insiste. Premier constat : s’il quémande, c’est qu’il a dû en être récompensé à un moment ou à un autre. « Non », allez-vous me répondre. Si j’insiste auprès de vous en reformulant ma question, vous allez me dire : « Oui cela nous est arrivé, mais très rarement, et il y a longtemps maintenant que nous avons arrêté ». Le « très rarement » avec une récompense de forte valeur suffit au chien pour insister dans sa réponse. Car il ne sait jamais si vous êtes sérieux quand vous dites « Non », puisque quelques fois, même très rarement, vous l’avez récompensé, une fois sur 2, sur 15, sur 8, sur 3, sur 30. Pourquoi s’en priverait-il alors ? Il ne sait pas quand la récompense va arriver, mais il sait qu’elle arrivera certainement à un moment ou à un autre….

     

    Apprendre à mon chien à bouder pour obtenir mieux : Votre chien boude sa gamelle, cela vous inquiète alors vous vous approchez et vous le stimulez à manger ; voyant que rien n’y fait, vous vous dirigez vers le placard de la cuisine, vous sortez un peu de jambon et le mélangez à sa gamelle pour le stimuler à manger. Qu’est-ce que le chien peut apprendre en associant les différentes étapes jusqu’à une finalité agréable ? Étape 1 : je boude ; étape 2 : mon maître s’approche et secoue ma gamelle ; étape 3 : mon maître se dirige vers le placard, c’est bon signe je vais avoir du mieux, il craque. Vous avez appris à votre chien à bouder et à insister dans le comportement que vous vouliez voir disparaître. Certains chiens sont des professionnels de la bouderie pour obtenir une gamelle plus appétissante.

     

    Apprendre à mon chien à augmenter le critère : Je suis au téléphone, mon chien gratte derrière la porte, comme je ne répond pas immédiatement car je suis occupée, il augmente le critère et aboie, n’y tenant plus car il va déranger les voisins je vais lui ouvrir. Je viens de lui apprendre à augmenter le critère, la prochaine fois il aboiera plus fort pour être certain que vous l’avez bien entendu, puisque cela marche mieux que de gratter.

     

    Apprendre à mon chien à avoir un mauvais caractère : Je suis en balade avec mon chien en laisse, je rencontre une voisine, je décide de discuter un peu. Mon chien, agacé par mon immobilité, commence à gesticuler dans tous les sens. Pour qu’il me laisse tranquille, tout en continuant à discuter, je le détache. Je viens juste de lui apprendre que lorsque qu’il gesticule et manifeste son impatience, il obtient ce qu’il désire. Vous venez de récompenser un comportement qui peut vite devenir gênant au quotidien.

    Bien entendu, nous avons affaire là à un certain type de caractère, mais nous venons sans nous en rendre compte d’augmenter le mauvais côté  de son caractère.

    Les exemples de ces récompenses non maîtrisées ne manquent pas et sont à mon sens l’une des principales causes des comportements gênants ainsi que des problèmes de comportement et de caractère des chiens de compagnie.

    Nous devons toujours avoir en tête, lorsque nous sommes en leur compagnie, qu’ils n’ont certainement pas la notion de ce que peut être un bon comportement ou un mauvais comportement. C’est à nous de leur enseigner. Quand les maîtres prennent conscience de l’énorme impact de la récompense sur un comportement, ils l’utilisent à bon escient pour apprendre à leur chien à adopter les bons comportements afin d’en faire un compagnon agréable à vivre au quotidien plutôt que l’inverse. 
    Soyons donc toujours conscients de ce que nous sommes en train de récompenser.

     

     

    Auteur : Catherine Collignon - © - www.animalin.net

  • La friandise, cette incomprise

    Je suis souvent stupéfaite par la mauvaise compréhension (et donc utilisation) du renforçateur – parfois appelé à tort « récompense » (parce que, parfois, on ne récompense rien, on crée tout simplement des associations) – systématiquement interprétée par ses (nombreux)détracteurs comme un chantage au comportement (« regarde ça, Chien, j’ai un bonbon – si tu fais x y ou z, tu auras ce bonbon…. sinon rien  chantage).

    Pas très étonnant quand on constate que, culturellement, c’est ce qui nous conditionne dès notre plus jeune âge (tu travailles à l’école = bonne note, tu ne travailles pas = mauvaise note, avec, très souvent, des résultats mitigés voir désastreux d’ailleurs).

    Généralement, la friandise chantage apparaît chez le propriétaire exaspéré par la passivité de son chien, elle est une solution immédiate et facile. Surtout facile. Je l’ai déjà comparée à ces mamans qui finissent la phrase de leur gosse… ou qui attachent vite ces chaussures que le petit n’arrive pas encore tout à fait à attacher : elle n’est pas enseignement (même si, parfois, on le fait parce que le moment n’est pas venu d’enseigner, pour une raison ou une autre et c’est légitime).

    La différence principale entre une friandise « chantage » et une friandise « conséquence » se situe dans une dimension de pouvoir. Si j’ai ma friandise en main et que je la montre au chien – elle devient l’information principale au sujet d’un comportement que je vais demander – je garde tout le pouvoir dans mes mains (c’est le cas de le dire) car la friandise ne sera pas dispensée si le chien n’exécute pas.

    En définitive, c’est l’humain l’unique acteur, le chien se contente de subir de manière complètement passive – comme en tant d’autres occasions (la dite « éducation du chien » n’étant – et de très loin – pas notre unique prise de pouvoir sur celui-ci). 

    Quand, au contraire, le chien a clairement intégré que tout bon comportement fait arriver un renforçateur(friandise mais, évidemment, pas que…) – il récupère ce pouvoir« je sais que certains comportements volontaires de ma part vont m’apporter quelque chose d’agréable » – moi, Chien, j’ai donc le pouvoir de faire apparaître des bonnes choses et la possibilité de faire des choix éclairés (parce que j’ai compris comment ça fonctionne).

    Si je fais assis, je vais pouvoir aller jouer avec mes potes, si je marche au pied je suis parfois payé tous les deux pas ou dix ou cinq – cette marche au pied reste quelque chose d’éminemment intéressant.

    Créer la motivation au travail par le renforcement positif est tout à fait un autre engagement, demande de la technique, des connaissances en apprentissage, de la réflexion et, surtout, du temps. Le chien qui a intégré – et sait – que tout bon comportement sera renforcé voit toute demande de son éducateur comme une opportunité d’obtenir ce qu’il souhaite obtenir.

    Il est avant tout indispensable de créer cette connexion entre le fait d’exécuter un comportement et l’apparition du renforçateur. Tant que ce prérequis n’est pas intégré, la communication n’est pas établie et vous parlez tout seul.

    Ce à quoi, certains me rétorqueront que le chien « obéit » (je continue à mettre des guillemets car l’obéissance n’est pas pour moi le but à atteindre mais plutôt une collaboration) – c’est uniquement pour obtenir cette friandise. Sauf quetout être vivant fait ce qu’il fait en raison des conséquences de son comportement. Si vous appuyez sur le bouton rouge de votre machine à café et qu’un bon café chaud s’en suit, le bouton rouge devient un moyen valable d’arriver à quelque chose que vous souhaitez obtenir (un café), cet apprentissage sera intégré. Si, malgré vos tentatives répétées, aucun café ne vient plus jamais…. vous allez abandonner ce bouton rouge (et en essayer un autre car, sur ce nouveau modèle, c’est le bouton bleu qui active l’arrivée de votre café).

    Si en appuyant sur le bouton rouge vous obtenez une secousse électrique plutôt qu’un café, il est plus que probable que vous ne touchiez plus à ce bouton rouge (et il est éminemment probable que vous n’oserez même plus toucher à un autre bouton d’ailleurs, par peur de subir une autre décharge). Que votre chien exécute parce qu’il sait qu’une friandise arrive ou qu’une punition arrive, c’est toujours de l’apprentissage via les conséquences de son comportement (agréables ou désagréables), quelle différence ? La différence se situe dans l’émotionnel – apprendre dans le but d’échapper à une punition ou dans l’attente confiante de quelque chose d’agréable, que choisiriez-vous personnellement ? Peur ou confiance, tout est là….

    Pour moi, un chien qui « désobéit » – donc qui n’exécute pas un comportement quand on le lui demande (ce que beaucoup appellent « donner un ordre ») – c’est un chien qui n’a pas fait la relation entre le comportement et le renforçateur et, avant d’y voir une quelconque forme de rébellion ou de mutinerie, j’y vois un apprentissage inabouti, tout simplement. C’est une information que me donne le chien – ou alors, si l’apprentissage est abouti ailleurs – je peux constater que l’environnement empêche le chien de faire ce que je lui demande de faire. Se mettre couché dans le jardin, n’est pas du tout pareil que de se mettre couché proche de l’autre chien qui me fait peur.

    C’est donc une opportunité que vous donne votre animal de remettre votre apprentissage en question – se remettre en question, avant de remettre l’animal en question, est l’unique voie vers la considération.

    Nous avons besoin de toute la communication possible avec nos animaux car il est impossible de leur demander « hey, Chien, comment tu te sens là tout de suite, tu gères ? ». Donc, le fait que le chien ne produise pas un comportement dans un contexte est uneinformation utile au sujet de mon chien dans ce contexte très précis (et je sais que la généralisation doit encore être travaillée ou la proximité avec un autre chien).

    Plus nous annulons de comportements par la punition ou l’intimidation et plus nous appauvrissons cette communication – ce qui ne peut qu’être dommageable et donne, ensuite, ces chiens qui produisent un quelconque comportement, morsure comprise, «sans raison » – alors que la raison est évidente pour le chien et obscure pour ceux qui auront choisi de tyranniser sans comprendre, d’imposer plutôt que d’observer et considérer, de monologuer plutôt que dialoguer.

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  • Petite video entrainement

    Les meilleurs moments de l'entrainement du 23 avril 2016 AGILITY & DOG DANCING

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  • L’éducation positive et la vie…

    Souvent on m’interpelle au sujet de l’éducation positive et respectueuse de l’animal : est-ce vraiment possible de ne pas jamais avoir recours à un acte aversif? Il est bien évident que la vie du chien (ou de tout autre être vivant, à commencer par l’humain) implique une série de frustrations grandes et petites que nous imposons constamment à nos chiens via la laisse, un portail, un enclos, des interdictions, etc.

    De plus, il est également évident que, quand mon chien fixe avec une certaine intensité l’apéro sur la table basse, j’interviens avec un « non » parfaitement explicite :-) (et un bon gros « oui » plus une récompense pour son self-control ensuite).

    Si mon chien s’apprête à marcher sur du métal coupant ou du verre pilé, il est plus que probable que je tire la laisse en arrière sans ménagement, s’il se met en danger, je vais intervenir quel que soit le résultat ou même la peur que je peux lui infliger : en gros, cela s’appelle « la vie » et ses aléas ;-)

    Ce qu’il est important de retenir c’est que ces évènements, ces limitations n’ontAUCUNE portée ni dimension éducative, je ne m’imagine pas être en train « apprendre » quelque chose à mon chien. Je ne m’attends en aucune manière à ce que ces évènements déplaisants débouchent en un quelconque comportement adéquat à l’avenir : la punition ne fait pas partie de ma panoplie d’éducation.

    Tout évènement désagréable va, tout simplement, faire passer l’animal d’un état d’esprit serein, enthousiaste, joyeux, etc. à un autre, empreint de prudence ou de méfiance, voir de peur. Tout le monde peut comprendre et admettre que la peur n’est pas l’état d’esprit idéal pour apprendre quoi que ce soit : accepteriez-vous qu’on terrorise vos enfants à l’école? Accepteriez-vous que votre supérieur hiérarchique vous terrorise? et, si vous le subissez, l’estimez-vous favorable à l’épanouissement et au bien-être?

    Malgré notre meilleure volonté, le désagréable se produit malgré tout et, parfois, nous sommes les initiateurs de ces évènements, car nous n’avons tout simplement pas le choix (un simple bain peut-être un évènement éminemment désagréable pour certains chiens… mais, quand ils fleurent la crotte de renard, personne n’y échappe).

    Le clicker vous permet, justement, de transformer un « non » un peu sec en une opportunité de récompenser et renforcer, ensuite, un autre comportement (je me détourne du fromage sur la table basse), il peut transformer un bain ou une séance de coupe des ongles en quelque chose de supportable, il permet de renforcer le calme dans une caisse de transport, derrière un portail, etc.

    Le renforcement positif est l’arme la plus puissante que nous avons à notre disposition pour faire, parfois, passer ces « amères pilules » de l’existence ;-)

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  • La socialisation du chiot

    La première chose dont un nouveau propriétaire de chien entend parler de nos jours c’est de la « socialisation ». L’éleveur en parle, le vétérinaire en parle, le web en parle…. donc le propriétaire s’empresse de vouloir « socialiser ».  Il ne reste plus grand monde (enfin, j’espère) pour préconiser que le chiot ne voie rien ni personne jusqu’après son rappel de vaccins (les chances de le voir contracter une maladie sont minces, celles de vous tricoter un chien timide, immenses).

    La sagesse populaire a généralement réussi à faire passer le message d’une période dite « sensible » (de 3 à 12-16 semaines) dont il faut tirer profit au maximum (les 8, 10 ou 12 premières semaines seront laissées aux bons soins de l’éleveur – d’où l’importance capitale de choisir un chiot issu d’un milieu de vie à la fois riche et respectueux).

    J’ajouterai que cette période continue à mon sens pendant l’adolescence (jusqu’à 7 ou 9 mois) et qu’il faut donc absolument éviter l’option récurrente d’une socialisation active jusqu’aux 4 mois du chiot (âge auquel il quitte généralement son « cours chiot » pour passer chez les grands) puis, plus grand chose, sous prétexte que le travail a été fait.

    D’ailleurs, la socialisation du chien devrait se poursuivre pendant toute la durée de la vie d’un chien; elle ne devrait jamais vraiment s’arrêter – même si, effectivement, une socialisation précoce est primordiale.

    Là où le bât blesse c’est sur la définition exacte de la dite « socialisation ». Un peu souvent, un nouveau propriétaire peu averti interprète celle-ci comme une simple exposition aux choses, endroits, personnes, autres animaux et aux congénères chiens.

    Sauf que, « période sensible » veut bien dire ce que ça veut dire : si vous exposez votre chiot sans ménagement, ni sans tenir compte de ses émotions, à une quelconque expérience qu’il ne saura gérer, qui va lui faire peur, ces expériences négatives auront au moins autant d’impact que les positives.

    Un grand classique : le chiot qu’on emmène en ville, au marché, au parc, à l’école et qui a peur, puis très peur… le propriétaire, dépité par la peur évidente de son chiot bien aimé va le soustraire à ce qui l’effraie quand il sera au paroxysme de sa peur et, par là, s’assure de manière efficace de voir son chiot avoir encore plus peur lors d’une prochaine exposition (en termes scientifiques, cela s’appelle « sensibiliser » – en clair, augmenter la peur). Ne pas le soustraire à un environnement qui le terrorise est à la fois très cruel et, souvent, impossible à faire : une immersion menant à une diminution de la peur peut prendre des heures, voir des jours entiers – impensable.

    Socialiser c’est faire en sorte que toute expérience se révèle agréable – positive pour votre chiot.  Apprenez donc à la fois à bien « lire » votre chiot : une gueule fermée, des yeux ronds, des mouvements rapides de sa langue qui sort et rentre, des bâillements excessifs alors qu’il n’est pas fatigué, le fait de détourner sa tête ou son corps sont autant de signaux qui vous informent qu’il est mal à l’aise. C’est donc à vous de gérer scrupuleusement l’environnement : choisir une ruelle passante mais pas trop, la rencontre avec des enfants dont vous pourrez contrôler facilement les interactions, rester à distance  de ce qui pourrait effrayer votre chiot en observant ses réactions, contrôler le nombre de vos invités venus voir bébé-chien et leurs agissements avec lui, etc.

    Se faire « mobber » par un groupe de chiens ou même de chiots survoltés (y compris à la fameuse « école du chiot ») n’est PAS de la socialisation mais une vraie expérience traumatisante pour votre bébé chien. Même si l’éducateur ou d’autres propriétaires des chiens présents vous exhortent à « laisser faire » – sachez prendre vos responsabilités – interrompez immédiatement, ce qui vous semble faire peur à votre chiot. Allez rapidement et calmement vers lui, récupérez-le, mettez-vous à bonne distance des autres chiots (voir à l’extérieur du terrain si nécessaire) et jouez avec votre chiot, en récompensant généreusement quelques petits exercices, ceux que font les autres à l’intérieur de l’enclos éventuellement. Tant pis si vous avez l’impression que « les autres » gèrent plus facilement… et alors? Tout le monde n’évolue pas au même rythme, que ce soit chez l’humain que chez l’animal et la meilleure manière de vous construire un chien craintif est de le soumettre à ce qui l’effraie sans ménagement aucun. Une exposition progressive, mesurée, réfléchie et beaucoup de renforcement positif (récompenses) aideront votre chiot à appréhender l’environnement à son rythme et à se construire des associations positives. 

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  • Choisir une laisse pour son chien et éviter les problèmes

    Choisir une laisse pour son chien dépend de ce qu’on veut faire dehors, de l’éducation, des balades détente ou plus sportives… Et des lieux où on se promène et des caractéristiques physiques du chien… Ce n’est pas toujours un choix évident !

    Nous allons passer en revue les principales options et nous allons voir comment éviter les problèmes avec la laisse avant même de songer à apprendre la marche en laisse.

    La laisse en métal et la laisse en nylon

    La laisse métallique, « chaîne » ou « chaînette », est dotée d’une poignée en cuir, parfois rivetée ; on en trouve aussi avec des poignées en nylon. Chacun sa préférence. Quand ça tire fort, le cuir est peut-être un peu plus confortable.

    Si ça tire fort, vous allez essayer de remédier à ce problème mais avant tout, faites attention à la façon dont vous tenez la laisse.

    Une laisse pour chien en nylon est plus légère qu’une laisse en métal ; c’est confortable pour un chiot ou un chien de petite taille. Avec les modèles réglables, vous pouvez modifier la longueur d’une laisse en nylon, généralement il y a 3 réglages jusqu’à 2 m, grâce à des anneaux. Vous avez une laisse plus polyvalente, pratique pour alterner entre les endroits bondés et les endroits tranquilles.

    Mais c’est également pratique de raccourcir la laisse au besoin en l’entourant sur la main. C’est l’avantage des laisses en nylon (classiques, enfin disons « non réglables »), qu’il vaut mieux ne pas saisir avec l’autre main pour les raccourcir, car ça peut faire très mal si le chien tire fort brusquement.

    En tenant la laisse passée autour du poignet, un chien très fort peut vous entraîner et vous faire tomber. Vous ne pouvez pas lâcher la laisse rapidement.

    Tenir la laisse du bout des doigts n’est pas assez sécurisé même si votre chien ne tire pas fort.

    Vous pouvez faire passer le pouce dans la poignée.

    Et resserrer les doigts sur la poignée. Vous l’avez bien en main mais vous n’êtes pas « ligoté ».

     

    Et pour la raccourcir, vous l’enroulez au-dessus du pouce ; vous n’avez pas besoin de la tenir de l’autre main. Même si c’est un peu serré, c’est facile de vite lâcher. Il suffit d’ouvrir la main. Et ça reste plus sûr (et moins crispant) que serrer le poing sur une lanière de la poignée.

    La laisse de type chaîne métallique, vous pouvez la tenir avec l’autre main sans risquer de vous blesser si votre chien tire subitement. Ce n’est pas super pratique mais vous pouvez raccourcir une laisse en métal, occasionnellement ; disons que votre chien est à votre droite et la poignée dans votre main gauche, vous empoignez la chaîne de la main droite pour que votre chien reste tout près de vous. C’est bien pour quelques instants en attendant le bus, les enfants, le feu vert… (bon, vous tenez votre chien pour plus de sécurité, mais pour plus plus plus de sécurité, vous lui avez appris à attendre !).

    Ce n’est pas possible de faire toute une promenade de cette façon.

    Si la laisse à chaîne vous paraît appropriée, pour la choisir il faut penser à regarder la taille des maillons. Plus un chien est grand et plus il faut choisir de grands maillons.

    Quel que soit le matériau de votre laisse, il faut un système d’attache au collier simple et robuste. La plupart du temps, ce sont des mousquetons « pompe » qui pivotent. Pensez à regarder ce mousqueton de temps en temps.

    Certains se mettent vite à prendre du jeu.

    Ce mousqueton a pris du jeu à la base et au fermoir et n’est plus fiable.

    Certes, un chien peut saisir une laisse en nylon et tirer fort dessus, contrairement à la laisse en acier.

    Mais si votre chien attrape sa laisse, avant de changer de laisse, essayez de comprendre pourquoi. Changer de laisse dans le but d’éviter un comportement peut être efficace mais vous vous retrouvez parfois avec un autre comportement qui pose également problème.

    Ce chien n’a pas l’air d’aimer la laisse.

    Si votre chien déteste la laisse, ce n’est pas en changeant de laisse qu’il l’aimera plus.

    Avant d’apprendre la marche en laisse

    Avant d’apprendre la marche en laisse, il y a des étapes qu’il vaut mieux ne pas « zapper » pour votre chien : 1) lui faire apprécier son collier et 2) lui faire apprécier sa laisse. Parce que malgré les apparences, les chiens ne sont pas naturellement habitués à ces accessoires !

    C’est difficile d’attacher la laisse au collier ou harnais de votre chien ? Il lui arrive d’attraper sa laisse ? A t-il été habitué correctement ? A t-il été habitué tout simplement ? A t-il vécu de mauvaises expériences en laisse ? A t-il associé la laisse à des événements terrifiants ?

    S’il n’a pas été habitué, vous pourrez associer la laisse à de bonnes émotions. Mais s’il a associé la laisse à de très mauvaises émotions, vous devrez 1) tout faire pour qu’il n’ait plus l’occasion de vivre ce qui a créé le malaise ou la peur + 2) associer la laisse à de bonnes émotions.

    Après vous être assuré que votre chien apprécie de porter son collier ou harnais, prenez aussi le temps de lui faire vivre des moments agréables en laisse.

    A titre d’exemple et dans les grandes lignes : le récompenser pour aller renifler la laisse alors qu’elle est par terre, pour rester près de vous quand vous posez la main sur la laisse par terre, pour avoir pu toucher son collier du bout des doigts alors que la laisse est par terre, pour rester près de vous lorsque vous prenez la laisse pour la soulever du sol, pour rester près de vous alors que vous avez la laisse dans la main et l’autre main qui touche son collier, etc.

    Lorsque vous avez pu accrocher la laisse (pas trop longue), laissez votre chien vadrouiller avec, librement, chez-vous (enlevez ce à quoi la laisse risque de s’accrocher).

    Votre chien paraît à l’aise : prenez le temps de vous amuser. Attrapez la laisse, mais d’abord pour l’inviter à jouer ou bien simplement pour le récompenser de ne pas être parti loin de vous ! (vous pouvez procéder de cette façon avec votre chiot qui vient d’arriver à la maison, afin de prévenir des « comportements anti-laisse » !).

    Augmentez progressivement la durée pendant laquelle votre chien est attaché.

    Commencez par une petite sortie dans l’endroit le plus calme possible et continuez d’être amusant et de faire naître de bonnes émotions tout en étant en laisse.

    Pour éviter les mauvaises expériences autant que possible, restez toujours un minimum attentif à votre chien, aux autres chiens, aux passants, à la circulation, ou peu importe ce qu’il y a autour de vous (et même quand il n’y a « rien » autour de vous, il faut rester un minimum attentif !).

    Quelle longueur de laisse choisir ?

    Une longueur de laisse de 1 m, c’est une bonne longueur pour les promenades dans des environnements dangereux pour nos chiens, comme un centre-ville animé.

    C’est trop long pour une promenade dans un centre-ville grouillant et trépidant (et ça traîne par terre !)

    1 m ou 1 m 20, c’est une bonne longueur pour apprendre à marcher en laisse.

    Une laisse d’une longueur de 1,20 m, c’est bien avec un chiot. Si vous ne savez pas du tout quelle longueur de laisse choisir, prenez une laisse de 1,20 m. C’est bon pour apprendre la marche en laisse et faire quelques répétitions. Par exemple, si vous voulez que votre chiot ou chien connaisse « assis » ailleurs que dans la salle à manger, il faut aussi s’y mettre dehors sans trop tarder ! Vous pouvez faire pas mal d’exercices dehors avec une laisse de 1,20 m (même 1 m). 

    1,80 m est une bonne longueur dans un environnement plus zen. Il faut s’entraîner à la manipuler car trop longue, une laisse peut traîner par terre et il y a alors le risque que votre chien se prenne les pattes dedans.

    La laisse en cuir

    On trouve des laisses en cuir en différentes longueurs, généralement jusqu’à 1,80 m/2 m, et différentes largeurs et couleurs. Les laisses en cuir, c’est joli pour ceux qui emmènent leur chien à des événements canins divers et variés. D’ailleurs, elles sont parfois présentées comme des laisses d’exposition (pour les expositions canines).

    Pour ceux qui veulent un peu d’esthétique (oui vous avez le droit) et n’ont rien contre le cuir ni contre payer un peu plus cher.

    Beaucoup de professionnels recommandent de privilégier les laisses tressées plutôt que plates.

    Une laisse en cuir tressé ne risque pas de se découdre.

    Plus le chien est grand, plus la laisse en cuir doit être large.

    C’est chouette une laisse en cuir mais la raccourcir, si besoin, n’est pas facile.

    La laisse courte

    La laisse courte ne fait pas plus de 50 cm. Elle se présente comme une poignée (pas de chaîne ou sangle) quand elle mesure 30 cm. En cuir ou en nylon, elle est destinée à faire marcher son chien au pied. Son grand chien. Son grand chien qui marche déjà bien au pied.

    Une laisse très courte est parfois bien pratique mais ne devrait pas être la solution quotidienne et permanente à vos problèmes de marche en laisse.

    Pour les promenades de tous les jours, elle ne laisse pas la moindre liberté au chien qui aime naturellement renifler des trucs et des machins et qui ne marche pas en ligne droite aussi aisément que nous.

    Il vaut mieux avoir une laisse courte et une laisse longue. Sinon, pour la vie quotidienne, les laisses rétractables peuvent permettre d’éviter de changer de laisse ou de longueur de laisse en cours de sortie.

    La laisse à enrouleur

    La laisse à enrouleur est une laisse qui s’allonge et se rétracte automatiquement.

    Ce chien est promené avec une laisse à enrouleur.

    Quand votre chien avance plus vite que vous, ça se déroule automatiquement. Il s’arrête ou ralentit et vous vous rapprochez de lui : ça s’enroule automatiquement. En fait, c’est toujours tendu. Sauf si vous bloquez le dérouleur à une longueur trop importante (ou qu’il se bloque dans un vêtement trop ample ou une écharpe, c’est possible).

    Vous pouvez le bloquer en appuyant avec le pouce et en maintenant le pouce appuyé, puis vous relâchez. Avec cette laisse, vous n’utilisez plus vos mains mais votre pouce. Vous pouvez aussi enclencher le mécanisme qui va bloquer le dérouleur, sans que vous n’ayez à maintenir le pouce appuyé.

    La marque leader de laisses à enrouleur s’appelle Flexi. La gamme « New Classic » (qui semble avoir remplacé la gamme Classic) propose deux types de laisses rétractables : avec cordon ou avec sangle.

    Avec cordon, les poids maxi des chiens vont jusqu’à 20 kg (XS jusqu’à 8 kg, S jusqu’à 12 kg, M jusqu’à 20 kg). Avec sangle, ils vont jusqu’à 50 kg (XS jusqu’à 12 kg, S jusqu’à 15 kg, M/L jusqu’à 50 kg). Mais pour choisir la taille, certains d’entre nous doivent aussi se baser sur la force avec laquelle il tire, s’il arrive que le chien tire.

    Quant aux longueurs maximales elles sont de 3, 5 ou 8 m. Et 10 m pour la laisse Flexi Giant, pour les grands chiens.

    La laisse à enrouleur ne convient pas à tous les chiens.

    Voici quelques conseils pour éviter les problèmes avec la laisse à enrouleur ; elle :

    • n’est pas adaptée pour apprendre à votre chien à bien marcher en laisse
    • ne convient pas aux chiens qui tirent constamment en laisse
    • ne convient pas aux chiens qui n’ont pas appris à vous suivre
    • ne convient pas aux chiens qui n’ont pas appris à s’arrêter quand vous le leur demandez
    • ne convient pas aux chiens qui ne reviennent jamais quand vous les appelez

    Je vous conseille de régler vos éventuels problèmes de comportements à l’extérieur avant d’envisager une laisse à enrouleur.

    Je devrais aussi ajouter que la laisse à enrouleur n’est vraiment pas faite pour la ville grouillante et trépidante ou les endroits animés, ni pour les endroits confinés (par exemple chez le vétérinaire).

    Ah oui et aussi, elle :

    • n’est pas faite pour faire courir votre chien
    • doit être constamment tendue et ne jamais traîner sur le sol
    • ne doit jamais être saisie de la main

    Non l’accessoire lui-même n’est pas dangereux. Oui l‘utilisation que l’on en fait peut causer des problèmes.Apprenez d’abord à votre chien à « bien » se comporter en promenade et si les lieux le permettent, lui et vous pourrez apprécier ce système. 

    Prévoyez un petit temps d’adaptation pour une bonne utilisation après des mois (ou des années) de laisse « normale ».

    La longe

    C’est un cordon plus ou moins fin, ou une sangle plus ou moins large, qui mesure généralement entre 5 et 15 mètres. La longueur dépend de ce que vous voulez faire avec et des lieux de ballades.

    Elles ont souvent des couleurs flashy pour bien les voir quand elles traînent au sol. Vous tenez la longe grâce à une dragonne. Votre chien peut vaquer à ses occupations sans vous avoir sur le dos mais c’est juste une façon de parler : puisque votre chien a désormais la possibilité de s’éloigner de vous à au moins 5 mètres, ce n’est pas le moment de le lâcher des yeux.

    D’ailleurs, il faut faire attention à ce que votre chien n’aille pas se faufiler dans un endroit où vous ne pouvez pas le récupérer ou qu’il ne se prenne pas les pattes dedans (ou que vous ne vous preniez pas les pieds dedans ou quelqu’un qui passait par là…).

    La longe n’est pas plus adaptée que la « liberté totale » s’il faut parfois vite rappeler votre chien et qu’il ne revient pas. Vous prenez trop de risques. Le temps que vous enrouliez ou repliiez le cordon… de l’eau a coulé sous les ponts…

    Chien attaché à une longe.

    C’est pourquoi, il vaut mieux avoir appris à votre chien à revenir quand vous l’appelez avec une longe pas trop longue ou une longe que vous raccourcissez (sans jamais vous ligoter donc pas autour du poignet !). Et puis progressivement, il revient quand il est à 2 mètres, à 5 mètres, à 10 mètres… Lorsque l’on ne dispose d’aucun lieu suffisamment sécurisé pour s’exercer à rappeler son chien, une longe c’est bien pratique. 

    Toutefois, la longe peut nous inciter à ne jamais détacher nos chiens. Quand c’est pas possible, c’est pas possible. Mais parfois, c’est possible… et comme on ne fait que des rappels en longe depuis x temps, on n’ose pas franchir le cap.

    A moins que vous ne sortiez votre chien que sur la plage ou en rase campagne, la longe est rarement adaptée aux sorties quotidiennes. C’est trop long et la manipuler est fastidieux. La longe est un bon compromis entre la liberté totale et pas de liberté du tout dans les endroits adaptés. Mais la longe n’est pas faite pour faire courir votre chien.

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  • Aspirine, paracetamol et ibuprofene

    Fréquemment utilisés chez l’homme, le paracetamol, l’aspirine et l’ibuprofene provoquent, chaque année, de nombreuses intoxications chez le chien et le chatLisez cet article pour comprendre les risques liés à l’usage inadapté de ces médicaments chez le chien et le chat.

     

    L’auto-médication inappropriée comme anti douleur ou contre la fièvre du chien ou du chat ou l’ingestion accidentelle des médicaments du propriétaire sont les causes fréquentes d’intoxication à ces 3 produits.
    Pour savoir si votre animal a mal, vous pouvez aussi écouter cette chronique : repérer et traiter la douleur chez le chien et le chat



    Article complet sur Conseils véto : : Aspirine, paracetamol et ibuprofene chez le chien et le chat http://conseils-veto.com/aspirine-paracetamol-ibuprofene-chien-chat/#ixzz46aC0Nyv8

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  • Mythe : Hiérarchie de dominance entre l'homme et le chien

    e thème de la hiérarchie de dominance revient souvent dans la relation homme/chien.
    On entend parfois que le propriétaire du chien doit se positionner en chef de meute. On entend aussi que certains chiens sont dominants ; comme s'il s'agissait d'un trait de caractère ou d'une personnalité.
    Essayons d'y voir plus clair...

    Un peu d'éthologie

    Le premier problème avec le thème de la hiérarchie de dominance est qu'il se heurte à des problèmes de sémantique et d'abus de langage. Et il y a parfois un gouffre entre l'interprétation d'un mot au sens le plus général et son interprétation selon la science qui étudie le comportement animal : l'éthologie.
    Je vous propose donc, pour commencer, de faire la distinction entre dominance, dominant, hiérarchie de dominance et comportements agonistiques, selon ce que l'éthologie nous en apprend.
     

    • Dominant : C'est un rang au sein d'une organisation sociale hiérarchisée.
      Contrairement à une croyance populaire, ce n'est pas un trait de caractère ou une personnalité.
      Pour qu'un individu soit dominant, il lui faut les compétences nécessaires à la survie du groupe (chasse, reproduction, gestion des conflits, protection des ressources). De ce fait, aucun petit ne peut être dominant.
      Les dominants peuvent avoir des prérogatives pour l'accès à certaines ressources. Cela dit, sur ce dernier point, la survie prime avant toute considération sociale. Il se peut donc, selon les circonstances, que les dominants n'exercent pas leur droit si cela peut provoquer l'affaiblissement d'un/des individu(s) et donc du groupe.
    •   

    • Dominance : C'est un comportement ponctuel, éphémère et fluctuant selon la motivation de chaque individu par rapport à une ressource. Il naît de la compétition ou du conflit pour accéder ou protéger une ressource. La dominance n'implique aucune hiérarchie ; sinon on parlerait de hiérarchie de dominance (voir plus loin).
      Pour faire simple, la dominance est un phénomène ponctuel dans une interaction entre les individus là où le dominant est un statut stable.
    • Hiérarchie de dominance : En éthologie, ce système se fonde sur l'organisation hiérarchique d'un ensemble de dyades* d'individus de la même espèce** et appartenant au même groupe social stable***. Ce type d'organisation sociale ne dépend pas d'un comportement spontané mais d'une nécessité liée à des besoins spécifiques (coordination des actions de chasse, reproduction, protection des ressources, réduction des conflits) ainsi qu'à l'écosystème.

      * Un ensemble de dyades implique au minimum 3 individus. Par exemple la dyade A et B, la dyade B et C et la dyade A et C.
      Selon les interactions entre chacune des dyades, la hiérarchie peut être exercée de façon :
      - linéaire (A domine tous les autres, B domine tous les autres sauf A, C domine tous les autres sauf A et B, etc.),
      - circulaire ou triangulaire (A domine B, B domine C et C domine A),
      - pyramidale (A domine tous les autres ; B1 et B2 sont égaux et dominent tous les autres sauf A ; C1, C2, C3 et C4 sont égaux et dominent tous les autres sauf A, B1 et B2, etc.)

      ** Individus de la même espèce implique le plus souvent des individus de la même famille. Mais même sans cette considération, il est déjà impossible de parler de hiérarchie de dominance interpécifique (entre 2 espèces différentes).

      *** Un groupe social stable exclut inévitablement toute forme de hiérarchie de dominance entre des individus n'appartenant pas au même groupe social.
    • Comportements agonistiques : En éthologie, les comportements agonistiques concernent l'ensemble des rituels et comportements visant à régler les conflits. Ces comportements peuvent s'observer en milieu interspécifique et sans nécessité d'appartenir à un même groupe social.

    Les chiens domestiques vivent-ils en meute ?

    La réponse est non, quelle que soit la race du chien.
    Pour qu'un chien éprouve le besoin de s'organiser en meute, il faudrait au minimum que l'homme n'intervienne plus pour combler ses besoins vitaux, instinctifs et sociaux... ce qui impliquerait donc qu'il ne soit plus domestique.
    Quand on parle des chiens de traîneau, on dit souvent qu'ils sont constitués en meute. En fait, dans ce cas, le terme de meute est abusif car les chiens de traîneau ne sont pas réellement organisés en meute mais plutôt en système coopératif ayant pour seul but de courir ensemble. De plus, leur organisation est décidée par compétence et non par dominance. On pourrait alors parler de hiérarchie de compétences décidée par l'homme.
     

    Les chiens domestiques vivent-ils en hiérarchie ?

    La réponse est non.
    En milieu intraspécifique, il existe des actes de dominances et de subordination selon la motivation d'un individu sur un autre par rapport à une ressource (voir Dominance). Un chien domestique peut faire preuve de dominance mais aucun chien domestique n'est dominant (voir Dominant).
    Pour qu'un chien domestique soit dominant, il faudrait réunir plusieurs conditions :
    - Qu'il soit suffisamment grand pour assumer un tel rang dans un groupe social. Un chiot ne peut pas être dominant.
    - Qu'il soit dans un groupe social intraspécifique. Il n'y a aucune forme de hiérarchie de dominance interspécifique.
    - Qu'il en ait la nécessité. Cela implique directement sa survie et tous les besoins qui y sont liés. Or, avec le chien domestique, c'est l'homme qui se charge de la survie du chien.
    Le chien n'a pas à s'organiser socialement pour chasser, c'est l'homme qui le nourrit.
    Le chien n'a pas à s'organiser socialement pour se reproduire, c'est l'homme qui permet et organise la reproduction.
    Le chien n'a pas à s'organiser socialement pour protéger ses ressources, c'est l'homme qui procure et protège les ressources nécessaires.
    Le chien n'a pas à s'organiser socialement pour réduire les conflits car là encore, c'est l'homme qui règle les problèmes relationnels.

    Le chien n'a tout simplement aucune nécessite à être organisé selon une hiérarchie de dominance.
     

    Peut-il y avoir hiérarchie de dominance entre deux chiens qui se rencontrent dans la rue ?

    Absolument pas. Contrairement aux comportements agonistiques, pour qu'il y ait hiérarchie de dominance, il faudrait que les deux individus appartiennent au même groupe social.
    Les éventuelles comportements agressifs peuvent avoir plusieurs origines mais pas le besoin d'établir une hiérarchie.
     

    Peut-on parler de chien dominant quand celui-ci n'obéit pas, se montre agressif et/ou prend certaines libertés ?

    Absolument pas.
    Un chien qui n'obéit pas le fait essentiellement par besoin d'obéir à une motivation supérieure. Il peut s'agir de motivations vitales ou instinctives (supérieures aux motivations sociales) ou de motivation à garder une ressource (canapé, os, attention). Il peut aussi ne pas obéir car il n'a pas été correctement conditionné (voire les conditionnements opérants). Mais à moins de "casser" le chien, aucun conditionnement n'est prépondérant sur un besoin vital ou instinctif.
    Et enfin, le chien peut ne pas obéir en raison du stress (résultant de la peur, de l'anxiété, de la joie, de l'excitation, de la détresse, ...), de l'humeur, de l'émotion, du manque de motivation ou encore d'une pathologie. Toujours est-il que la défiance volontaire d'autorité ne fait pas partie des comportements du chien.

    Un chien qui se montre agressif envers son maître peut le faire pour plusieurs raisons :

    • Comportement réactif → Le chien est soumis à des moyens coercitifs ou aversifs qui peuvent le pousser à avertir son maître que la situation ne lui convient pas.
    • Comportement réactif → Le chien tente de protéger ou garder une ressource acquise qu'on cherche à lui reprendre.
    • Comportement réactif → Le chien est atteint d'une pathologie pouvant causer douleurs, troubles émotionnels, de l'humeur et du comportement.
    • Comportement proactif → Le chien est de nature agressive et soumis à des pulsions. Cela peut aussi arriver en cas de pulsions sexuelles.

    Contrairement à une idée très répandue, l'agressivité, la violence et les démonstrations de force sont à l'opposé des comportements observables chez les animaux dominants dans une organisation hiérarchisée. On les observes bien plus chez les dominés ayant quelque velléités ou chez des individus extérieurs au groupe social et cherchant à profiter d'une ressource (sexuelle ou alimentaire). Ces comportements sont sources d'instabilité, de conflits et même parfois de blessure. Ils vont donc à l'encontre des intérêts du groupe.

    Quant au chien prenant des initiatives et des libertés sans attendre de savoir si son maître est d'accord, il est important d'expliquer que le chien est un animal opportuniste et hédoniste.
    Opportuniste parce qu'il cherchera à profiter de la moindre situation qui peut lui être immédiatement profitable. Hédoniste parce cette recherche de situation est aussi motivée par la recherche de confort et de plaisir. En aucun cas ces agissements ne sont motivés par la dominance. Et encore moins par un statut de dominant.
     

    L'homme doit-il être le chef de meute pour son chien ?

    Absolument pas.
    Les explications précédentes permettent de résumer les choses ainsi :
    En milieu intraspécifique, le chien domestique ne vit pas en meute
    En milieu intraspécifique, le chien domestique ne vit pas selon une hiérarchie de dominance
    En milieu intraspécifique, et en terme de système social, le loup sauvage et le chien domestique ne sont pas soumis aux mêmes besoins et donc aux mêmes nécessités d'organisation.
    La question n'est donc pas de savoir si l'homme doit être le chef de meute pour son chien mais plutôt de se demander au nom de quoi il le serait. Et en l'absence d'explication logique et éthologique sur cette nécessité d'organisation sociale entre l'homme et le chien, la réponse est à chercher uniquement dans les croyances et les frustrations de l'homme.
    J'aurais d'ailleurs tendance à insister sur ce terme homme ; pas au sens large mais bien au sens sexué. Car de fait, cette croyance et son application en matière de relation avec le chien est bien une propension masculine plutôt que féminine. Je le dis en étant d'autant plus à l'aise que je suis un homme et qu'il m'est arrivé de croire en cette théorie, il y a longtemps. Mais que les messieurs se rassurent, on peut aussi observer chez les femmes une certaine propension à d'autres comportements tout aussi condamnables.

    Pour finir, une petite citation qui peut faire réfléchir.
     

    "J'observe que (les gens croient que) le chien se doit d'attendre la volonté de son maître, de lui obéir en toutes circonstances, de ne pas prendre d'initiatives et de n'avoir aucun privilège. Quand il ne répond pas à ces critères, le chien est qualifié de « dominant », la tare par excellence : le chien montre des velléités intolérables de supériorité et son propriétaire manque d'autorité ; l'homme est disqualifié (et culpabilisé) et le chien doit être « cassé.

    Ce vocabulaire esclavagiste démontre bien la relation qu'ont les hommes – plus souvent que les femmes – avec les chiens. En psychologie, on revendique en général ce que l'on a pas ; si l'homme revendique l'autorité, la dominance et le pouvoir sur le chien, c'est qu'il manque d'autorité naturelle et de pouvoir personnel. Qu'a donc fait l'homme de son pouvoir pour devoir le revendiquer aux dépens du chien (et de ses proches : enfants et compagne) ? L'homme est devenu esclave de la société ; il est soumis à ses règles et ne peut y échapper ; il en est dépendant ; il lui appartient. Le pouvoir étouffé de l'homme s'exprime par des voies détournées, notamment avec le chien. L'homme reproduit avec le chien ce que la société fait avec lui : il se l'approprie, il le soumet, il le rend dépendant, il l'asservit. Ce faisant, l'homme sauve quelques étincelles de son pouvoir de vie. Le chien, apparemment esclave, apprend quelque chose lui aussi du domaine de l'énergie mentale.

    Si on veut changer cette situation, il faut que l'homme trouve une autre expression de son pouvoir – par la créativité, par exemple – et qu'il affranchisse son chien de la hiérarchie de pouvoir, afin d'entrer dans un système de symbiose bénéficiaire où le chien a l'opportunité de se réaliser, d'exprimer ses besoins éthologiques – un système où tout le monde gagne."

    (Tout sur la psychologie du chien - Joël Dehasse)


    Le seul animal qui impose par la force qu'on lui obéisse est l'homme...

    article d'origine : http://comportements-chien.blogspot.fr/2015/07/mythe-hierarchie-de-dominance-entre.html?m=1

  • Des préjugés contre des préjugés

    Je tenais à vous annoncer que les petits chiens sont peureux, fourbes, jaloux et surtout hargneux, mais ce n’est pas très grave puisque le Labrador est, en réalité, une vraie teigne, bien pire que le Amstaff qui est lui-même possède un gène de l’agressivité qui explique peut-être son naturel dominant et donc son agressivité envers les autres. Voilà, vous êtes heureux d’avoir lu ce ramassis immonde de préjugés, n’est-ce pas ?

    Il existe des procédés qui ont tendance à me mettre un peu hors de moi. Avoir des préjugés envers une race, de base, ça ne devrait pas être normal, mais je peux comprendre que les expériences personnelles et le discours ambiant peut créer des craintes et de la haine.

    Par contre, lorsque l’on veut défendre une race contre certains préjugés, il y a un certain nombre de comportements que je ne saisis pas. Par exemple, mettre un jeune enfant sur le dos d’un des chiens de cette race pour montrer qu’ils sont tout de même bien patient ou prendre des photos pendant qu'un bébé joue avec les babines du chien. Peu importe la patience du chien, sa race, sa socialisation, etc, etc, etc, ce sont des comportements dangereux (en plus d'être irrespectueux pour le chien) qui ne devraient pas être affichés et répandus car c’est ainsi que les accidents arrivent. Si tout le monde respectait les consignes de prévention morsure et en profiter pour observer le comportement canin, on éviterait énormément d’accidents. Il existe des tas de situation sécurisée où enfants et chiens sont ensembles, il n’y a pas besoin de montrer davantage, sinon tout ce qui transparaît de ces images, c’est une certaine inconscience.

    Ceci étant dit, l’autre comportement qui m’insupporte c’est cette tendance à croire la haine obligatoire. J’ai parfois l’impression qu’on est censé avoir un capital de haine envers les chiens et que l’on doit l’exprimer envers une race ou un groupe de race. Et donc, pour empêcher cette haine d’être dirigée vers la race que l’on connait et que l’on adore, il faudrait la faire se reporter sur une autre race.

    Ce qui donne des remarques indiquant que les labradors sont des teignes, ils sont bien pires que les amstaff ou encore qu’il vaut mieux se méfier des petits chiens. Je ne parviens pas à comprendre comment des préjugés supplémentaires pourraient améliorer les choses.

    Peut-être que la meilleure chose à faire pour combattre les préjugés est de combattre ses propres préjugés et d’éviter de les répandre. Ainsi, les chiens seront simplement des chiens quelque soit leurs tailles, leurs gabarits ou leurs types et l’on pourra se méfier de choses un peu plus intéressantes. Par exemple, se méfier d’un chien qui s’approche avec une crête dressée sur le dos, se méfier d’un chien qui enchaîne signaux d’apaisement sur signaux d’apaisement et qui montre des signes de stress,... autant de détails importants si l’on veut effectivement prévenir un danger.

    Alors avant de dire que telle race est comme ceci ou comme cela, peut-être faudrait-il se poser quelques secondes et y réfléchir. Est-ce que c’est une idée reçue ? Est-ce que c’est une question de proportion de chiens ayant ce comportement ? Et alors, est-ce que cette proportion est vérifiable ou est-ce seulement une question d’impression ? Est-ce que c’est une question de sélection ? Et, au final, est-ce que ça apportera quelque chose de constructif à la discussion ?

    N’oubliez pas que chaque préjugé peut être mal vécu par les propriétaires de la race concernée qui sont souvent directement visés. Est-ce que cette "guerre" des races est intéressante ? S’il-vous-plait. Choisissez la paix et réfléchissez vraiment avant de dire quelque chose sur un type de chien...

    article d'origine : https://hund.fr/actualites/des-prejuges-contre-des-prejuges/62/

  • Le terme dominant ne s'applique pas aux chiens domestiques

    Suite à une discussion que j'ai eue hier sur l'usage du mot dominant à l'endroit des chiens domestiques, on m'a répondu que ce mot pouvait en effet être mal choisi mais que c'était un abus de langage sans importance. Qu'un simple mot, sans autre précision, n'avait aucune valeur.
    Il se trouve que pour beaucoup, le mot dominant a pourtant bien une valeur qui peut être appliquée aux chiens domestiques. Et c'est là une profonde erreur.

    Quelles idées transmet-on en employant le mot dominant ?


    Le problème avec le mot dominant est qu'il véhicule un certain nombre de mythes qui sont parfois pris pour des dogmes.
    Les principaux concepts derrière le mot dominant sont :

    1. l'idée d'une hiérarchie
    2. l'idée d'un caractère affirmé qui, s'il n'est pas maté, peut amener à des comportements dangereux
    3. l'idée que le propriétaire n'a pas d'autorité ou qu'il doit se remettre en question pour en avoir une
    4. l'encouragement à ce que le propriétaire soit le chef de meute

    D'une manière générale, la société n'aime pas les chiens qu'elle qualifie de dominants. Elle ne les tolère pas. Allant parfois jusqu'à culpabiliser les propriétaires pour leur manque d'autorité et de savoir-faire.

    • attention, si vous le laissez faire, il va prendre le dessus et sera irrécupérable
    • attention, s'il mange avant vous, il va se considérer comme le dominant. Ne faites jamais ça.
    • attention, ne le laissez pas tirer en laisse, il doit comprendre qu'il n'est pas le dominant
    • attention, si vous le laissez mordiller c'est qu'il vous domine
    • Ne le laissez pas passer la porte avant vous, il se considèrerait comme le dominant
    • Forcez le à se soumettre, il doit comprendre que c'est vous le dominant. C'est bon pour lui.
    • etc.

    Dominant, un mot utilisé pour tout... et surtout n'importe quoi

    Le mot dominant est devenu un fourre-tout dont se servent allègrement les uns et les autres pour qualifier le chien dans le moindre de ses comportements qui pourraient être jugés excessifs, intolérables ou encore nuisibles.
    Ce faisant, non seulement on n'explique rien de cette manière aux propriétaires mais pire, on les conditionne à interpréter les comportements de leur chien d'après de vulgaires superstitions.

    Un chien domestique n'est pas dominant.
    Un chien domestique ne vit pas selon une hiérarchie de dominance
    Il n'y a aucune nécessité à être le chef de meute
    Dominant n'est pas un trait de caractère ; peu importe l'espèce
    Aucun chiot, louveteau, gorillon ou lionceau ne peut être dominant

    En fait, pour éviter de se tromper ou de tromper les autres, le mot dominant devrait être purement et simplement oublié quand on parle du chien domestique.
    Ce simple mot va au-delà de l'abus de langage, c'est une trahison faite aux chiens.
     

    Le mythe du chien dominant dans la relation homme-chien

    Dans mon métier, je vois pas mal de propriétaires qui ignorent beaucoup de choses à propos des chiens tout en étant persuadés que certains de leurs comportements les désignent comme dominants.
    Le problème n'est absolument pas leur méconnaissance, c'est leurs certitudes et tout ce qu'elles peuvent induire dans la relation homme-chien. Il a juste suffi qu'ils pensent ou qu'ils s'entendent dire que leur chien était dominant pour imaginer que cela pouvait justifier des maltraitances physiques et/ou psychologiques.
    Ils n'ont d'ailleurs pas forcément conscience que ce sont des maltraitances. Certains pensent que c'est tout à fait normal et qu'un chien doit être soumis, quitte à user de force.

    À ce sujet, il existe deux pratiques assez courantes. Prendre un chien par la peau du cou en le secouant et l'obliger à se mettre sur le dos tout en l'immobilisant ; ce qu'on appelle l'alpha roll. Et bien ces pratiques sont encore conseillées par certains professionnels pour éviter que le chien soit dominant. Il faut le soumettre à tout prix parce que c'est intolérable. C'est à l'homme d'être dominant et non au chien, pensent-ils sûrement.

    De grands noms parmi les professionnels du monde canin se sont déjà largement exprimés sur le pouvoir de nuisance du mot dominant. De mon côté, je constate très fréquemment à quel point ce simple mot peut faire des ravages.
    On fait porter au chien la responsabilité de quelque chose qui n'existe pas et on le maltraite pour ça ! 
     

    Un article de Patrick Aufroy sur le chien dominant

    J'emprunte à Patrick Aufroy ces quelques mots issus d'un article ( http://akita-inu-elevage-alsace.com/votre-chien-est-dominant/ ).C'est un peu caricatural mais en même temps, cela peut faire naître une belle réflexion sur l'utilisation du mot dominant.

    P. = Propriétaire
    E. = Éducateur
    C. = Chien

    P. "Mon chien tire, Mr l’éducateur"
    E. "Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. On va lui mettre un collier étrangleur"
    C. On met un collier étrangleur et le chien dit "Aie"…

    P. "Mon chien tire toujours, Mr l’éducateur"
    E. "Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. Faut mettre des coups de sonnette."
    C. Le chien dit "Aie Aie"

    P."Mon chien tire beaucoup quand il voit les autres chiens, Mr l’éducateur"
    E."Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. Faut tirer plus fort."
    C. Le chien dit "Aie Aie, Je les trouvais sympas les autres chiens mais plus je m’en rapproche, plus j’ai mal."

    P. "Mon chien devient agressif avec les autres chiens, Mr l’éducateur"
    E. "Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. On va lui mettre un collier électrique"
    C. Le chien dit "Aieeeee chaque fois que je vois un autre chien, je prends une douleur terrible."

    P. "Mon chien s’est retourné contre moi quand il a vu les autres chiens, Mr l’éducateur"
    E. "Et oui ma petite Dame c’est parce qu’il est dominant. Je vous l’avais dit depuis le début. Vous avez parlé de l’euthanasie avec votre vétérinaire ?… "
    C. Le chien dit …………

    Si quelqu’un vous dit "Votre chien est dominant", vous n’avez qu’une chose à dire : "Au revoir, Monsieur"
     

    Pour en savoir plus

    Cet article ne fait que dresser un état des lieux sur l'usage du mot dominant.
    Pour ce qui est de comprendre pourquoi le chien dominant et la hiérarchie, en tant que modèles d'interprétation des comportements canins, sont des concepts qui ne peuvent pas être appliqués aux chiens domestiques, je vous propose la lecture des articles suivants :

    Mythe : Hiérarchie de dominance entre l'homme et le chien
    Idées reçues sur le chien dominant

     

    article d'origine : http://comportements-chien.blogspot.fr/2015/09/le-terme-dominant-ne-sapplique-pas-aux.html?m=1